Photographe et vidéographe, artiste sans casquette ni cheveux, danseur et comédien raté, créateur et organisateur de spectacles en salle, de rue et sous le chapiteau de ma compagnie de spectacles, contrairement à ce que j’essaie de faire croire je suis quelqu’un de très lent
Et, n’ayant pas le choix, quelqu’un de pas pressé: j’ai beaucoup attendu. Peut-être ce qui s’est écrit un jour de mes 13 ans en une rencontre fulgurante. Choriste dans la 3ème symphonie de Gustav Mahler, à côté du pompier de service j’attendais en coulisses mon entrée sur le plateau. La contralto était prise dans ces paroles du Zarathoustra de Nietzsche :
“Si profonde, profonde soit la douleur du monde, l’extase est plus profonde encore que le chagrin ! La douleur s’écrie : passe ton chemin ! Mais toute extase aspire à l’éternité ! A la profonde, profonde éternité !”
Des paroles que je n’ai jamais oubliées
Mais boxé, pétrifié, j’étais surtout absolument sidéré par mon chef d’orchestre, Leonard Bernstein
Cet homme qui littéralement jouissait entre le public et nous, et avant tout avec une telle intelligence pour transmettre sa jouissance, cet homme était la vie, déchirante, toute nue, extatique. J’ai pensé : oui, c’est CELA que je veux, et rien d’autre …
D’une certaine façon, ce jour-là, le temps s’est arrêté. Trois ans plus tard, avec mes premiers sous à moi, j’ai acheté ma première caméra mais j’ai quand-même mis plusieurs dizaines d’années à découvrir mon chemin capricieux, plus ou moins aligné entre le spectacle vivant et l’image
Et Shakespeare? Shakespeare donne encore à Giuseppe Verdi le livret de son dernier opéra,
Falstaff, qui s’achève ainsi :
“Tous des fous! Chaque mortel se rit de son pareil. Mais celui qui rit le mieux est celui qui, à la fin, rit encore”